On connaît tous cette personne qui demande un avis sur tout, par manque d’assurance et parce qu’elle considère que ce que disent les autres a forcément plus de valeur que ce qu’elle pense ou ressent. Parfois, cette personne, c’est nous.
Lorsque c’est moi qui suis dans la tourmente, j’interroge tour à tour mon fils de six ans, mes sœurs, le pendule, la fille du cousin d’un ex-collègue de mon voisin de palier, et oui, je considère leurs avis comme ayant force de loi.
Le dernier avis reçu étant en général le principal retenu, cela confère dans notre exemple une certaine responsabilité à la fille du cousin de l’ex-collègue de mon voisin de palier.
Lorsqu’il s’agit de choisir entre les chaussettes bleues et les chaussettes vertes, ça va.
Ce tiers avis n’aura pas trop d’impact sur notre vie.
S’il s’agit de choisir entre la tartelette au citron et l’éclair au chocolat, ça commence à poser un peu problème, car nous avons un goût et une attirance particulière pour l’un de ces deux gâteaux, mais aussi que le choix correspond à un moment précis de la journée, de la semaine, de notre vie.
Aujourd’hui à cette heure-ci, je me sentirais peut-être plus en joie avec une tartelette au citron alors qu’à un autre moment j’opterais pour le chocolat. Alors si ma meilleure amie qui me connaît par cœur me conseille l’éclair au chocolat, eh bien, même si elle n’a pas tort, elle n’a pas raison non plus.
Troisième exemple, et ça se corse : « Tu crois que je devrais accepter cette nouvelle mission de chief project management of the world ? Parce que d’un côté, c’est gratifiant, ça me donne de nouvelles responsabilités, et puis d’un autre côté je n’aurai plus de vie privée et serai payée dix fois moins que mon homologue masculin ».
Face à cette phrase au fond, mon cher et tendre pourrait me dire de ne pas accepter (parce que « moins de vie privée et pas ou peu de hausse salaire = quel intérêt ? »). Ma copine qui-dit-toujours-oui, me conseillera sans doute d’accepter, (parce que, « quand même ça veut dire qu’ils te font confiance et ça risque d’être intéressant »). La fille du cousin de l’ex-collègue de mon voisin de palier, qui a un peu de recul, pourrait dire « Accepte à tes conditions, il faut négocier ton salaire à la hausse et limiter les horaires contractuellement » (oui, elle est juriste aussi).
Qui a raison, qui a tort ? Tout le monde a raison ET tort à vrai dire. La vraie question est : ai-je envie de changer de poste et d’évoluer dans cette entreprise ? Vu la façon dont j’ai formulé la question au départ, il semblerait que non.
Parce que 1) je pose la question et que 2) j’y vois tout de suite deux inconvénients majeurs. Si j’écoute mon ressenti profond, je dis donc « non » ou je pars dans une négociation énergivore, mais qui peut porter ces fruits, et qui prouverait qu’au fond de moi je suis super motivée. Mais dans ce cas, demanderais-je un avis à quiconque ?
Eh eh, tout cela non pas pour illustrer mon énorme manque d’ambition (et alors ? J’ai le droit de ne pas avoir d’ambition, c’est ma vie) mais juste le fait que c’est nous qui détenons la solution à nos problèmes, et que donc non, l’avis des autres n’est pas forcément meilleur que le mien. CQFD.
Allez un tout dernier petit exemple pour la fin, la question subsidiaire qui va sûrement vous enlever une épine du pied. Si vous me demandez : « Est-ce que tu crois que je devrais quitter Jean-Michel ? » Je vous le dis sans ambages, la réponse est OUI. Ne me remerciez pas.