Qui a prononcé cette phrase un jour, le premier ? Qui a inventé ce concept de « zone de confort » ? L’expression contamine aujourd’hui les bouquins de développement personnel, le monde du travail, mais aussi bien sûr, les médias sans qu’elle semble jamais remise en question… ou si peu.
Et si l’on s’arrêtait un instant sur l’une des phrases toutes faites un peu agaçantes au mieux, plutôt stressantes au pire mais finalement, pas vraiment motivantes, à mon sens ?
Une zone de confort, ça existe ? Vraiment ?
J’ai beau réfléchir, essayer de me souvenir, je crois que même enfant, la vie ne m’a jamais donné la sensation d’être arrivée à une zone de confort quelconque.
Alors bien sûr, il faut contextualiser, cette phrase apparaît souvent dans un contexte professionnel ou de remise en question personnelle forte, mais enfin, une zone de confort, vraiment ?
Je veux bien qu’il y ait dans une vie des moments avec un peu moins de turbulences, des phases où le travail « ça va », la famille « ça va », l’amour, « ça va », l’argent « ça va », etc. mais bon leur rareté m’amène quand même à penser que lorsque je traverse une telle phase, je n’ai pas envie d’en sortir, eh non !
D’ailleurs, ce qui nous pousse à bouger en général, c’est bien qu’on n’y est pas ou plus, dans une zone de confort = cette zone dans laquelle on se sentirait bien finalement.
Pour en sortir encore faut-il déjà l’avoir trouvée, non ?
Mais bon admettons, admettons qu’elle existe. Que Roberto se sent bien dans sa vie actuellement et a besoin de nouveaux défis pour briser cette routine de bien-être de quelques semaines qu’il a enfin obtenu après vingt ans de dur labeur, de rateaux et de soucis divers.
Argg non, vraiment, je ne vois pas pourquoi il veut en sortir, Roberto, help ! ?
Si elle existe, un tant soit peu, pourquoi faudrait-il en sortir ? Et à quel prix ?
D’aucuns (les coachs, l’entourage, les medias etc.) vous diront que pour aller mieux ou trouver votre voie, eh bien, il faut en sortir de cette zone dans laquelle vous êtes soi disant parvenu.
Certains parleront même de se faire violence, ou mépriseront un certaine « stagnation » là où cette stagnation est peut-être justement un moment d’équilibre, sans violence, où vous vous laissez enfin tranquille, tout simplement !
Pour m’être reconvertie professionnellement et comme de nombreuses personnes que je côtoie, le fait de se lancer dans une nouvelle voie professionnelle avec laquelle on est plus aligné, n’apparaît pas comme une « sortie de zone de confort ». Le nouveau projet ressemble bien plus à un aboutissement, une quête enfin réussie, un moyen d’y accéder, d’approcher enfin de la zone.
Je souhaite de tout à coeur à chacun de trouver sa zone de confort et d’y rester le plus longtemps possible.
Je n’ai rien compris au sens de cette expression ? Peut-être.
Peut-être mais elle sonne à mes oreilles comme une injonction désagréable quand tant de gens souffrent aujourd’hui de leur situation, professionnelle ou personnelle.
Le confort, quand on parle de zone de confort, ce n’est pas une bulle de tranquillité en béton armé que rien ne brisera jamais, c’est bien un moment serein éphémère dans une vie parsemée d’embûches.
Nous devrions au contraire les savourer et les chérir, ces moments, non ? Plutôt que de vouloir les quitter le plus vite possible.