Toutes les 3 à 5 minutes, à moins que je ne l’éteigne, mon smartphone vibre.
Toutes les 3 à 5 minutes + quelques secondes, je ne résiste pas à la tentation de consulter ledit smartphone.
Toutes les 3 à 5 minutes, je me dis que puisque je suis accro, je devrais « couper les données » et ca me permettrait de maintenir mon attention plus de 3 à 5 minutes sur ce que je suis en train de faire.
Toutes les 3 à 5 minutes, je ne coupe pas les données, et le portable revibre.
Historique de vie technologique.
Je me souviens de l’arrivée du magnétoscope, du walkman à cassette autoreverse, du CD – un disque laser on disait à l’époque, (ça sonnait Star Wars c’était fouuu) – du discman, trop la classe.
Une chose en remplaçant une autre, on restait sur quelque chose de passif de la part des objets. C’est nous qui intervenions sur eux pour les utiliser.
Il y a eu en parallèle l’arrivée des ordinateurs, MO5, TO7, ZX Spectrum, Commodore 64 et j’en passe. On devait programmer les machines pour qu’elles fassent quelque chose. Nous étions encore les acteurs de nos vies technologiques.
Internet et la téléphonie mobile. Début des années 2000, on est passé à la vitesse supérieure, les mails, les sms, le chat’, les premiers moteurs de recherche, c’était incroyable, dément. Mais ce n’était pas « smart », on contrôlait ce qu’on faisait.
Et il y a eu… le smartphone et les algorithmes, les notifications et les likes, les commentaires et l’immédiateté, le monde numérique, rapide, faussement intelligent, encourageant le narcissisme et le culte de soi, de son image, de ses actions, etc.
On a foncé droit dans le mur… euh… dans le nouveau monde merveilleux de l’influence et du manque de recul, et surtout, surtout, on est devenus accros.
Accros aux partages de photos, aux likes, aux commentaires, et aux petits cœurs. C’est tellement réconfortant les petits cœurs.
Groupes what’s app, je vous hais : comment multiplier par 100 la charge mentale ?
Et soudain, sans crier gare, les groupes What’s’App sont arrivés et ont volé nos vies, ma vie ou une partie de celle-ci.
Ca a commencé par un petit groupe d’amis, et un petit groupe de frère-sœurs j’imagine.
Puis sont arrivés :
> Les groupes de préparation d’événements, les groupes des événements, les groupes post événements.
> Les groupes d’activités de chant, de danse, du taekwondo du petit.
> Les groupes pour maintenir le lien avec l’école pendant le confinement.
> Les mini-groupes en marge des grands groupes.
> Les mini-mini groupes en marge des mini-groupes.
> Les groupes des potes du conjoint parce que lui, il ne répond jamais.
> Le groupe des mamans du CP b.
> Le groupe de l’association de danse avec tout le monde. Celui de l’AG. Celui du bureau de l’AG.
> Le groupe de l’anniversaire, celui du karaoké, celui du cadeau commun.
> Les 1000 conversations privées en 1 à 1.
Toutes ces choses auxquelles on prend part dans la « vraie vie » se dédoublent dans le monde parallèle des groupes Whats’App. Et malheur à celui qui loupe une info.
Les notifications « lu » et « pas lu » ou le terrorisme du quotidien
Car si vous avez eu le malheur de cliquer sur l’icône du groupe, l’application va considérer que vous avez lu le message.
Et l’auteur du message va le savoir.
Et vous ne voulez pas le stresser ou lui faire de peine. Et vous vous dites « je vais réagir tout de suite pour être débarrassé ». Et il n’y a plus qu’à multiplier cette réaction immédiate étroitement liée à une auto-culpabilisation sans fondement avec les 200 groupes actuellement en cours pour… devenir… zinzin.
A la limite du burn-out.
Et tout ce temps passé en visionnage de photos, revisionnage de vidéo, lecture de messages et réactions menant à d’autres cycles du même type, cela représente combien, environ dans une journée ? Dans une semaine ? Dans un mois ? Faites le test.
En tant qu’adulte raisonnable = pas née là-dedans, j’estime mon temps passé sur what’s app par jour (+ en pensant à la réaction et en revisionnant ou relisant des choses déjà lues) à environ 2h en temps éveillé par jour.
14h par semaine. Une soixantaine d’heures par mois. 720h par an. Soit 30 jours de 24h = 2 mois sur What’s App en temps d’éveil de 12h par jour.
C’est considérable.
Parce que je ne sais pas résister à une vibration, une notification.
Couper les données, ou sortir de What’s App : les seules solutions pour une vie saine et équilibrée ?
Groupes What’s App je vous aime car malgré tout, vous maintenez le contact, le lien, et ça fait du bien
C’est le problème quand on est accro : on est accro. Les cœurs, les sourires, les êtres aimés en photos, les rires à nos blagues, les emoticones solidaires, c’est terrible : What’s App nous relie aussi, et c’est difficile pour moi de l’admettre mais oui, rester en lien c’est primordial.
Alors, groupes What’s App je ne vous quitterai pas mais :
– Je ne vous consulterai désormais qu’à heure fixe et définie.
– Je désactiverai la notification de lecture
– Je répondrai immédiatement pour ne pas avoir à y retourner tout de suite
– Je supprimerai les groupes d’événements terminés depuis longtemps, d’activités que je ne pratique plus
– J’importerai les photos et vidéos sur un autre support pour faire de la place
– Je réduirai mon temps de présence et déléguerai à mon conjoint le groupe Taekwondo du petit. (199 groupes What’s App à 1, c’est ça l’équilibre dans le couple.)
Tout cela ressemble à une liste de bonnes résolutions qu’on ne tient jamais ? L’écrire, c’est leur donner corps un peu tout de même…
Bonne chance à tous sur le chemin de la désintox !